LE RENDEZ-VOUS IN’F/O – EDITION DU 28/05/2021
Cette synthèse a été faite à partir d’interviews avec d’anciens élèves de Cluj aujourd’hui dentistes & à partir d’interviews avec d’actuels étudiants à Cluj.
Interviews et retranscription: Solenne GUILLEMAIN, Amelle BEN SACI, Gaëlle IMBART
Sur les études à Cluj
Quel a été votre ressenti sur les études de dentaire à Cluj ? Est-ce que vous avez des conseils à nous donner ?
« Ne doutez pas de la qualité de votre formation ! Cluj est une chance, un moyen de pouvoir exercer le métier que vous voulez absolument faire. Si le diplôme est reconnu au sein de toute l’Union Européenne, il y a une raison, c’est que la formation est plus ou moins équivalente dans tous ces pays, y compris la Roumanie !
Au niveau théorique, on n’apprend rien de plus en sortant de Cluj et en commençant à exercer. Pour ce qui est de la pratique, comme dans toutes études, tout dépend de votre niveau d’investissement personnel, et s’il existe quelques lacunes en sortant (si vous n’avez pas eu le temps d’assez expérimenter certaines techniques, ou que vous avez eu peur d’effectuer un geste à un certain moment, ou bien encore avec la période COVID qui a chamboulé l’aspect pratique de la formation…), elles se rattrapent vite à la sortie quand vous commencez à pratiquer en cabinet, n’hésitez pas à demander de l’aide à vos aînés. Les premiers mois sont toujours compliqués, parce qu’il faut apprendre à se débrouiller seul, sans avoir de professeur derrière soi, mais ça, c’est le cas peu importe le pays duquel on est diplômés !
A Cluj, ne vous mettez pas en compétition les uns avec les autres, c’est inutile, inspirez-vous des uns des autres, de vos techniques, de vos feelings avec les patients, restez ouverts. »
Le conseil des anciens : l’investissement personnel & l’autodiscipline sont la clé de votre succès !
Comment se passait la recherche de patients pour s’entraîner pendant les études ?
1/ Publication sur groupes Facebook roumains
2/ Faire des cartes de visite et les déposer dans les églises, cafés, restaurants, magasins…
3/ Il existait un partenariat avec la mairie de Cluj qui trouvaient des patients, en général avec des pathologies sous-jacentes, donc très intéressant niveau pratique (n’existe p-ê plus aujourd’hui, à remettre au goût du jour pour les prochaines promos motivées !)
4/ Et comme dans toutes les filières médicales, pour les actes les plus basiques (détartrage par exemple), on s’exerce entre nous
La petite astuce : si vous postez sur Facebook, postez un message pour le groupe entier et ensuite répartissez-vous les patients !
Comment fait-on pour trouver des cabinets de dentiste pour nous former pendant les stages d’été ?
Les stages d’été sont des stages d’observation, non de pratique, donc il ne faut pas avoir peur d’aller voir les dentistes que vous connaissez pour leur demander, en général ils acceptent avec plaisir de vous montrer la réalité du métier !
1/ Candidature spontanée chez les dentistes de votre ville
2/ Candidature spontanée chez les dentistes de Cluj
Question sur le matériel à se procurer :
Attention, ceci est une liste non exhaustive, elle permet juste de vous donner un ordre d’idée ! Elle est dépendante du matériel que le département dans lequel vous faites vos TP possède et vous met à disposition.
1/Blouse blanche pour les années précliniques (années 1 & 2)
2/Tenue de clinique pour les années cliniques (années 3, 4, 5 & 6)
3/Chaussures de clinique pour les 6 années
4/Des gants
5/A partir de la 3èmeannée, petit à petit :
- Des fraises (chaque professeur précise lesquelles exactement : boules, cylindriques, cônes inverses, olives… et quelle granulation)
- Du matériel d’endodontie : 2 shape, endo Z, one flare, limes manuelles, gutta, cônes en papiers, finger spreader, règle d’endodontie, crampons
- Bien sûr, une mallette pour ranger tout ça !
6/Avoir du composite, du compo fluide, un système adhésif peut être utile
Sur le post-Cluj
Quels documents sont à fournir pour la reconnaissance de diplôme ?
Attention ! Pour être certain qu’il ne vous manquera pas un papier administratif pour votre reconnaissance de diplôme, envoyez un email au Conseil de l’Ordre de votre département, qui vous enverra la liste détaillée de tout ce que vous devez fournir (il existe des différences interdépartementales). La liste qui suit est donc non exhaustive et est juste pour vous donner un ordre d’idée.
1/ Demande d’inscription au Tableau de l’Ordre
2/ Votre diplôme de chirurgien-dentiste (plus tôt vous déposez votre diplôme, plus vite vous commencez à exercer) + Attestation de réussite internat ODF
3/ Les relevés de notes des 6ans, traduits par un traducteur assermenté auprès d’un tribunal européen
4/ Copie de la CNI ou du passeport en cours de validité
5/ 2 photos d’identité
6/ Attestation d’assurance responsabilité civile & professionnelle
7/ Extrait de casier judiciaire roumain traduit par un traducteur assermenté & datant de moins de 3mois
Comment se passe l’intégration professionnelle en France ?
« Pas de retour négatif, ça se passe bien ! Pas de différence de traitement par rapport aux autres, mais toujours cette petite pointe de surprise quand on annonce qu’on a fait ses 6ans à l’étranger. Et puis au fur et à mesure, les gens se rendent compte que tu travailles de la même manière qu’eux, qu’il n’y a pas de grande différence, parfois ils viennent même demander des conseils s’ils savent que tu es un peu plus calé sur un sujet qu’eux. »
Pour ceux qui sont dans des cabinets avec des dentistes plus expérimentés, ils expliquent que les dits-dentistes sont ravis de pouvoir transmettre leurs petites astuces ou de venir les aider s’ils ont des petits soucis. Ils ne sont pas dans le jugement, ils savent pertinemment que peu importe où on a fait ses études, débuter dans le métier c’est toujours stressant !
On a besoin de dentistes partout en France, donc trouver du boulot n’est pas un problème particulier.
Est-ce qu’après les 6 ans vous vous sentiez suffisamment entraînés ? (sur des patients)
Pour ceux qui sortent de la promo touchée par le COVID : « On a fait 1 an sans pratique donc s’y remettre au début c’était assez difficile, mais au final pas le choix, quand il faut y aller, il faut y aller et en 2 semaines au travail on se retrouve à faire tellement de choses que ça revient assez facilement. Par contre, il ne faut pas avoir peur de prendre son temps au début, même si ça veut dire mettre plus de temps pour faire une extraction ou une endo, le plus important c’est que ça se passe bien, et de toute façon avec le temps on devient de plus en plus rapides. »
Est-ce que vous avez senti une différence entre votre formation et celle des étudiants en France ?
« Pas spécialement, sauf pour certaines matières qui ne m’intéressaient pas à la faculté et donc pour lesquelles j’ai moins pratiqué, mais franchement dans l’ensemble pas vraiment. »
Comment peut-on faire une spécialité en rentrant en France ?
Les 3 spécialités reconnues en chirurgie dentaire (en France) sont :
1/ Chirurgie orale, qui dure 4ans
2/ Médecine bucco-dentaire, qui dure 3/4 ans
3/ Orthopédie dentofaciale, communément appelée orthodontie, qui dure 3ans
Vous pouvez vous renseignez sur ces options sur le site du Conseil de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes :
Ou encore sur le site de l’ONISEP, au paragraphe « Le 3èmecycle court ou l’internat) :
Pour devenir orthodontiste en France :
1/Il faut postuler après l’obtention de votre doctorat (après vos 6ans à Cluj en clair), au CECSMO (4 années d’études). CECSMO : Certificat d’études cliniques spéciales, mention orthodontie.
2/Il est également possible de passer par un CES (2 ans) avec une spécialisation en lien avec l’orthodontie (cette voie est moins officielle, mais permet d’aboutir à cette profession dans les normes et en gardant le titre et l’activité de chirurgien-dentiste).
Qu’en est-il des DU (Diplôme Universitaire) et des CES (Certificat d’Etude Supérieure) ?
Il n’existe aucune liste qui répertorie tous les DU et les CES français, puisque chaque université met en place ceux qu’elle veut, leur durée, leur prix et leurs critères de validation dépendent donc de chaque université (et tous les DU/CES ne sont pas forcément toujours présents et faisables d’une année à une autre).
Voici quelques exemples de DU :
- Laser & Médecine buccale (faculté d’odontologie de Bordeaux)
- Management, démarche qualité dentaire (faculté d’odontologie de Bordeaux)
- Approches innovantes en recherche biomédicale et en méta-recherche (faculté d’odontologie de Toulouse)
- Implantologie (faculté d’odontologie de Toulouse)
- Hypnose dentaire thérapeutique et clinique (faculté d’odontologie de Montpellier)
Voici quelques exemples de CES :
- Biomatériaux en odontologie, mention « caractérisation et évaluation » (faculté d’odontologie de Toulouse)
- Odontologie prothétique, mention « prothèse maxillo-faciale » (faculté d’odontologie de Toulouse)
Donc si vous voulez vous lancer dans l’aventure DU/CES, on vous conseille de vous renseigner sur le type de formation qui pourrait potentiellement vous intéresser au préalable, puis de chercher quelles facultés françaises le propose, de regarder les documents qu’elles demandent pour l’inscription et de bien regarder les conditions de validation, le prix, le nombre d’heures de pratique que vous devez effectuer et le nombre de cours auxquels vous devez assister…
Sur le métier de dentiste en lui-même
Où est-ce qu’on peut exercer notre métier de dentiste ?
En France, vous pouvez exercer dans 5 grandes structures :
- En cabinet en ville
- A l’hôpital
- En clinique
- En maison de santé
- En centre de santé
Comment se passe la collaboration avec ton assistant(e) dentaire ?
« A Cluj, on n’est pas habitués à avoir d’assistant(e) dentaire, donc au début ça fait bizarre de toujours avoir quelqu’un comme ça au-dessus de son épaule, et au fur et à mesure, on se rend compte que c’est plus agréable pour travailler, ça permet d’aller plus vite (tu finis avec un patient pendant que ton assistant(e) est en train de faire la radio panoramique de pré-rendez-vous de ton patient suivant…).
Après ça reste du relationnel, et dans le métier de dentiste il y a beaucoup de travail, donc il faut quelqu’un de très motivé et qui ne rechigne pas à travailler. Et bien sûr, il faut savoir valoriser son assistant(e) dentaire et reconnaître que le travail qu’il/elle fait est essentiel au bon fonctionnement du cabinet. »
Comment tu gères tes responsabilités vis-à-vis du cabinet, de toute la paperasse…etc ?
« Quand tu es en centre ou en collaboration, finalement ce n’est pas toi qui t’occupes de la paperasse, à part faire tes propres devis. Par contre, c’est clair que tout le côté administratif ça s’apprend, ça ne coule pas de source, c’est limite un travail à part entière, donc difficile à gérer au début.»
C’est quoi le mieux entre être salarié(e), être en collaboration, être associé(e) ou démarrer son cabinet seul ?
« Tout dépend de ce que tu recherches, de ta personnalité, de tes objectifs de vie.
Être en collaboration au début ça veut dire que derrière il y a des possibilités d’association, de rachat…
L’avantage quand tu es salarié(e), c’est que tu te concentres seulement sur ce que tu as à faire au cabinet et rien d’autre, tu arrives, tu travailles et ensuite tu repars chez toi le soir, tu n’as rien d’autres à gérer, contrairement à quelqu’un qui possède son propre cabinet.
Par contre, être salarié(e) ça veut dire rendre des comptes à quelqu’un (comme dans tous les métiers), donc si tu veux être ton propre patron, pouvoir prendre un jour off quand tu veux, ne sois pas salarié(e). »
Peut-on pratiquer à l’hôpital en tant que dentiste ?
En tant que chirurgien-dentiste, on peut en effet pratiquer à l’hôpital, on devient alors salarié(e) de la fonction publique et on a le titre de praticien hospitalier (PH). Cet emploi peut se faire à temps plein ou à temps partiel.
Mais pour être PH, il faut remplir certaines conditions :
1/ Passer le concours pour devenir PH (CNPH, Concours National de praticien des établissements publics de santé), étape obligatoire
Présentation du concours :
2/ Mais également d’autres critères : avoir été publié, avoir un certain nombre d’heures de pratique derrière soi…
Le mieux pour les personnes voulant devenir praticien hospitalier est de se rapprocher du centre hospitalier dans lequel ils veulent exercer et de leur demander les démarches exactes, ce qu’on vient de décrire n’est qu’une vision d’ensemble, et les critères peuvent sûrement varier d’un hôpital à l’autre.
Qu’est-ce que tu trouves dur dans ton métier ?
« La relation humaine clairement.
Certains patients exigent beaucoup de choses, ils se permettent des réflexions et des demandes extraordinaires, certains ne seront jamais satisfaits des soins que tu leur prodigues, même quand ce sont des choses qui sont indépendantes de ta volonté (couleur d’une prothèse par exemple). Il y a certaines personnes avec qui c’est impossible de communiquer, où ça vire toujours au conflit, donc tu ne peux pas les soigner correctement et malheureusement tu n’y peux rien.
Après au contraire, il y a des patients avec qui ça se passe extrêmement bien, quand tu vois leur nom sur le planning tu te dis que tu vas passer un bon moment ! »
Est-ce que tu te sens souvent stressé dans ton métier ? Surtout au début quand tu as commencé à pratiquer ?
« Au début, on est toujours stressé ! Mais il diminue de jour en jour, et on gagne en assurance. »
« Ce qui est stressant, c’est lorsqu’on t’a appris une technique d’une certaine manière à la faculté, et que là tu te retrouves devant un patient sur lequel ça ne fonctionne pas, ou alors tu fais face à des difficultés parce que chaque patient est différent. Du coup, tu dois apprendre à temporiser, à réfléchir plus vite, à réfléchir à un autre plan de traitement, à prendre plus de temps pour trouver une solution, et surtout ne jamais hésiter à aller demander conseils à tes collègues, qui vont peut-être t’apporter une autre approche. Il faut être raisonnable et se rendre compte de ses capacités à sa sortie de la faculté, ne jamais hésiter à demander de l’aide lorsqu’on ne sait pas, comme dans toute filière médicale. Il faut s’avoir s’enrichir de l’expérience de ses collègues ! »
L’équipe CMC Formation/Orientation